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Enfant du Quinto Sol
7 décembre 2013

" Oui, avec plaisir "


Rester seule face à son reflet, ses échecs. Seule face aux vides et aux absences. Seule face aux odeurs d’ammoniaque. Je suis pas au fond, mais je glisse, je dérape. Je cherche les prises, quelque part, dans le noir, mais ma main danse dans le brouillard, le vide, le néant. Je reste seule dans mes cauchemars, avec ma fumée. Mes journées sont juste un combat perpétuel contre les idées noires qui m’agrippent et m’enlisent. J’ai l’impression de me débattre contre un parasite et de sourire, de parler, de rire juste pour ne pas qu’il crie victoire, un semblant de dernier espoir. Je cherche les mains tendues, je les tends les perches pour ne pas m’effondrer, je le provoque le destin à toujours répondre « oui, avec plaisir » du tac au tac comme je me suis entrainé à le faire. Et je positive toujours, avec un vrai sourire faux devant la glace, mais toujours rien. Même quand je me chuchote « allez, croies y fort, la solution, elle vient de toi, pas d’ailleurs ». Et puis l’absence de réponses. Malgré les bouteilles à la mer déguisées en « oui, avec plaisir ». Cette sensation d’être condamnée à être seule dans la bataille, ou comme un dimanche soir,  après l’agitation du monde, ce monde de fou qui nous donne l’impression de nous porter, de nous supporter, d’être ensemble pour être moins seuls. Cette sensation d’entendre juste son propre écho comme un miroir ruminant, ou les plaintes ne sont que de pauvres cailloux qui ricoche sur les parois d’un puit noir de fond sans fin. Cette sensation de vide béant, d’abandon à la solitude, est tellement douloureuse qu’on réfléchit ensuite à deux fois avant de tendre les perches et d’appeler à l’aide. Juste parce qu’y croire même dans ce bordel de désespoir est encore plus  humiliant. Mais je fais le choix de le faire quand même, de croire et de m’auto-humilier. Pour ne pas signer mon arrêt de mort. Au moins, ce ne sera pas moi. Et pour en tirer du positif, j’essaie d’apprendre à gérer cette douleur-là, à l’apprivoiser. Je doute que ce soit vraiment une bonne chose, et c’est d’ailleurs réellement triste. Ce que cela révèle. Mais tant pis. Au moins je ne me réfugie pas dans la rancune, quitte à m’auto-flageller.
J’hésite parfois entre me pendre ou m’ouvrir les veines.
Je voudrais montrer, expliquer, mais le malheur attire le malheur, et je ne veux pas que mon parasite gagne du terrain. Je ne suis qu’un fantôme dans la fête qui  s’autorise quelques instants d’insouciance grâce aux substances, pour croire quelques instants que je fais partie de la vie, de leur vie. Alors que je suis juste en train de croupir. J’ai viré de mon existence la seule personne qui était toujours là pour moi, pour me retrouver seule face à ma souffrance, la combattre une bonne fois pour toute. Si au fond je sais que c’est une bonne chose, et qu’elle est nécessaire, je sais aussi que le pari est risqué. Que je vais peut-être y laissé ma peau. Et je doute toujours du côté bénéfique de la chose, est-ce que je ne suis pas en train de me saboter ? D’éloigner de moi les choses qui me font aussi du bien, qui me rende stable. Des fois je me dis que je vais mourir à force de tâtonner seule dans le brouillard, que je ne suis pas assez forte pour avancer sur ce chemin obscur, toute seule. Que je vais me ramasser. Que je me suis surestimée. C’est terrible comme ressentiment et j’ai souvent besoin d’agripper quelque chose pour ne pas sentir l’obscurité m’envahir. J’ai parfois l’impression d’être la conclusion incarnée d’Into the Wild. Et de me tordre de douleur avec ce même poison qui me bouffe. Seule. De tenter de faire marche arrière avec l’impression fatale qu’il est trop tard.

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